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Mettre en place une politique du tourisme: un impératif Certains esprits conservateurs déplorent l'élargissement du champ des politiques publiques, qui couvrent de plus en plus de domaines de notre vie. Ce regret pourrait particulièrement s'appliquer au tourisme, qui passe pour être, dans notre société, l'un des derniers terrains où l'individu peut vivre et expérimenter sa liberté.

L'expression «politique touristique» est de plus en plus utilisée depuis ces dernières années par les gouvernements, les hommes politiques, les entrepreneurs économiques et touristiques du monde entier qui souvent lui donnent une signification différente.

International integration in tourrism is increasing at a steady pace. This has meant a corresponding growth in the number of problems facing the community of nations. At the dawn of a new millennium the intergovernmental tourism policy agenda now includes such thorny questions as the dismantling of barriers to travel, finding ways to ensure the safety and security of tourists, and the promotion of sustainable development in areas devoted to tourism. What the intergovernmental tourism network really needs, to allow it to rationally plan and implement international ground rules and promotional programmes is a greater degree of institutionalised co‐operation at the operational level of tourism. This in turn would lead to more efficient integration of the world economy, to the benefit of both prosperity and world peace.

Le fait même de parler de mesures d'organisation et de promotion, en relation avec le tourisme, vient situer notre problème dans le temps. Car il était une fois une industrie touristique qui n'avait pas besoin de s'organiser ni d'être organisée, elle pouvait également faire abstraction d'une aide extérieure. La gestion des entreprises de tourisme, notamment des hôtels et chemins de fer, s'opérait sans aucune influence étrangère au marché. En d'autres termes, la libre concurrence et l'intérêt personnel suffisaient pour assurer, grâce au mécanisme des prix, l'équilibre du marché touristique et, partant, la rentabilité des entreprises de la branche.

On ne saurait plus, de nos jours, dissocier le tourisme de la vie de société, car il représente de hautes valeurs morales et matérielles. D'enquêtes de l'O.E.C.E., il résulte que l'une de ces dernières années — période du 31 juillet 1949 au 30 juin 1950 pour être précis — les recettes brutes du tourisme international (Etats‐Unis compris) se sont chiffrées par plus de 600 millions de dollars pour les pays rattachés à l'O.E.C.E. D'après la même source, le capital engagé en juillet 1949 dans les installations et établissements hôteliers de ces pays dépassait de beaucoup les six milliards de dollars. Ces quelques chiffres, pris en quelque sorte au hasard, donnent une idée, quoique sommaire, du pouvoir matériel du tourisme. Mais, ce qu'ils ne trahissent pas, c'est sa signification morale, plus grande encore. Une bonne partie de la société refait ses forces par le tourisme, lequel, si on lui incorpore les séjours de convalescence, touche donc de très près à la santé publique. De même, il existe d'étroits rapports entre lui et la question sociale. Par les voyages et les séjours ordinaires déjà, qui forment son essentiel, mais surtout par les voyages instructifs et les séjours d'étude, le tourisme aide aussi au développement des peuples. D'une manière générale, et quelles que soient ses manifestations, il rapproche les individus et leur donne l'occasion de se mieux comprendre; il remplit une mission qui, précisément aujourd'hui, est d'une portée politique, culturelle et sociale décisive non seulement dans les rapports entre citoyens d'un même pays, mais encore et surtout dans les relations entre Etats.

C'est un lieu commun que de réaffirmer ici l'importance croissante des mouvements touristiques dans le monde actuel sur les plans économique, social, culturel ou politique. Dans le domaine économique seulement, leur développement entraˆne des conséquences décisives tant sur les relations économiques internationales (le problème des balances des paiements se pose différemment maintenant que les échanges de personnes viennent compléter les échanges de marchandises) que sur l'orientation des activités économiques internes (citons, par exemple, les investissements touristiques — hôtellerie ou moyens de transport — les changements de la consommation par suite de la croissance dans les budgets familiaux du poste distractions et voyages — l'amélioration du niveau de vie — le développement du secteur tertiaire, commerce et services — l'urbanisation, dont le tourisme est, en tant qu'évasion hors des grandes agglomérations, une des conséquences, etc.). Et en face de ce fait: il n'est pas un secteur de l'activité économique qui ne soit transformé, plus ou moins profondément, par l'essor du tourisme — une constatation amère: ce phénomène décisif, économique, social, démographique, culturel n'occupe encore qu'une place tout à fait insignifiante, quand elle n'est pas nulle, dans l'enseignement supérieur de la plupart des pays. Il serait cependant très désirable qu'une meilleure connaissance de ces phénomènes, sans nul doute appelés à poursuivre encore leur développement, soit plus largement répandue parmi les jeunes destinés à former les cadres supérieurs, c'est‐à‐dire l'élite des nations. De ce point de vue, le bilan que l'on peut dresser aujourd'hui ne laisse pas d'être fort affligeant.

Il est aujourd'hui établi que le tourisme exerce une influence importante dans l'économie régionale. Les points de vues divergent néanmoins lorsqu'il s'agit de définir ses effets réels. Malgré les progrès réalisés dans les diverses méthodes d'approche de la question, on compare souvent la recette touristique à un iceberg dont la plus grande partie est immergée et par conséquent invisible. Nous disposons malgré tout de suffisamment d'études à différents niveaux pour mesurer, dans des limites plus ou moins rigoureuses, la part importante, voire décisive et irremplaçable du tourisme dans un milieu donné. Il n'en demeure pas moins que le tourisme ne représente pas la solution magique par excellence ni le remède à tous les maux. Par ailleurs, un certain nombre de conditions sur les plans économique, financier et sociologique doivent être réunies pour assurer son succès à long terme. Elles tiennent notamment aux éléments naturels, à la cohérence de la planification et de l'aménagement du territoire, aux finances, et, en définitive aux mentalités, donc à l'information et à la formation professionnelle.

Ce rapport qui a été publié en novembre 1948 mérite d'être connu et étudié de très près par tous ceux qui s'interessent au tourisme français et à ses problèmes dans le cadre du programme de relèvement économique européen (Plan Marshall). Après avoir présenté un inventaire d'ensemble des industries touristiques françaises, le rapport met en relief leurs «constantes», les faits nouveaux qui ont pu altérer plus ou moins celles‐ci ces dernières années, portant leur évolution. Puis il explique comment on a tenté de traduire, en nombre de visiteurs, la ressource escomptée du tourisme en 1952. Il étudie alors les différents problèmes posés par le transport, l'accueil et l'hébergement de ces visiteurs, en dégageant chaque fois les réformes nécessaires et les besoins correspondants, notamment en ce qui concerne le financement du plan français de modernisation et d'équipement du tourisme, les matériaux à utiliser et les solutions concrètes permettant une action rapide. Enfin, il essaye de définir une politique du tourisme, vue sous l'angle de l'équipement et propose l'outil permanent dont la mission serait de mettre cette politique en œuvre, et, sous le patronage et le contrôle des pouvoirs publics, de conduire le plan.

La coopération touristique internationale antérieure. Dans sa remarquable étude sur la «Théorie et pratique de la coopération économique internationale», le professeur Jacques‐A. L'Huillier, de l'Université de Genève, résume l'évolution de la coopération internationale comme suit: «Ce qui semble caractéristique de la collaboration économique internationale d'aujourd'hui, par opposition avec celle du passé, c'est d'être consciente, publique et multilatérale, et aussi d'intervenir dans des domaines proprement économiques, c'est‐à‐dire dans l'organisation des échanges et des paiements internationaux.»

Les flux touristiques internationaux sont le plus souvent récents dans les pays pauvres. Leur taux de croissance et le volume de recettes qui s'y attache en ont fait dans quelques pays un élément important de l'économie et permettent aux autres d'espérer par ce moyen aider à leur développement. Cette expérience limitée, joint à des méthodes d'approche approximatives ont conduit à des jugements fort variés. D'un côté, les thuriféraires du développement touristique y voient l'occasion inespérée pour ces pays de se doter d'un secteur permettant d'accroître le produit national, les emplois, les recettes en devises, dans des proportions considérables. De l'autre, les censeurs, s'élèvent de plus en plus contre ces prétendus bénéfices économiques, et assimilent le tourisme à une calamité sociale.