TY - JOUR AB - La question du sens, du but, de la place et de la forme d'une architecture de loisirs implique forcément de s'arrêter tout d'abord au contenu de l'expression en elle‐même. Si, par définition, on s'accorde encore relativement vite sur la notion d'architecture, l'accord est par contre plus difficile à réaliser en ce qui concerne la notion de loisirs. En portant l'accent sur les aspects quantitatifs, on fait trop facilement abstraction de l'acception qualitative de la notion et on ignore trop facilement aussi l'origine proprement dite de la notion, à savoir le temps de travail. Alors qu'estce done que les loisirs, ou mieux, comment déerire les loisirs? Le philo‐sophe allemand Habermas pense très laconiquement que la liberté des loisirs est avant tout une liberté de travail, et rien d'autre. L'apparence de liberté dans les loisirs est trompeuse; la liberté dans les loisirs s'épuise uniquement dans l'absence de travail. Le sociologue Scheuch, compatriote de Habermas, comprend les loisirs comme «symptôme d'un processus complexe de mutation qualitative de sociétés techniquement évoluées». D'après Scheuch, la compréhension individuelle respective des loisirs est déjà le pilier énonciateur d'un processus social multiple de développement. Il n'est pas inutile non plus rappeler rapidement, à propos de loisirs — désignés autrefois du terme oisiveté — que maintes personnes prétendaient que l'oisiveté est la mére de tous les vices. Le sociologue Suisse Hanhart apporte une définition bienvenue dans nos tentatives d'explication lorsqu'il demande de distinguer le temps restant par rapport au temps de travail déterminé par autrui de l'espace dans lequel on éprouve véritablement les loisirs. Par cette «psychologisation», l'interprétation de Hanhart ne se dérobe indubitablement pas a la discussion ultérieure, mais Hanhart fait beaucoup plus appel aux conditions formelles et substantielles pour prendre conscience des loisirs dans le cadre du temps libre. Simultanément, il oppose l'autodétermination, e'est‐à‐dire le pouvoir individuel de disposer pendant les loisirs, à l'hétérodétermination propre au temps de travail. Il existe bien entendu d'étroites limites à une émancipation des loisirs, ne seraitce tout d'abord que dans la mesure où le temps de travail laisse du temps libre, et non inversement. La sensation de loisirs ne peut done se manifester qu'en atteignant, à côté de la liberté du travail hétérodéterminé, à la séparation psychiquc, e'est‐à‐dire sensitive du temps de travail. Si les loisirs constituent aujourd'hui une sphère expérimentale quasiment indépendante du temps de travail, les conditions préalables en sont directement lisibles dans l'évolution historique du temps de travail, respectivement du temps libre. VL - 29 IS - 2 SN - 0251-3102 DO - 10.1108/eb057700 UR - https://doi.org/10.1108/eb057700 AU - Baumgartner Fred PY - 1974 Y1 - 1974/01/01 TI - Architecture pour le temps libre; architecture pour les loisirs? T2 - The Tourist Review PB - MCB UP Ltd SP - 53 EP - 55 Y2 - 2024/04/24 ER -